Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Les 47 nobles qui le 25 juin 1789 se présentèrent devant le tiers état afin de « vérifier en commun » leurs pouvoirs, et ceux qui le 4 août renoncèrent aux privilèges furent les chefs. L'une des participations à ces deux actes est nécessaire pour être qualifiés tels; — le vicomte de Noailles eut la seconde. — Dans la nuit du 4 août il commanda le feu. — Il fonda cette catégorie de citoyens qui, ayant derrière eux un patrimoine de services rendus, croient bien faire de demeurer dans leur patrie sinon « tout » du moins « quelque chose ».

Son attitude n'est pas fortuite; il la veut telle. Dès longtemps combinée, il en fait non une pose mais une politique; toute sa vie il y sera fidèle; aucune rebuffade, aucune persécution ne lui fera renier l'égalité ou porter les armes contre la France. Noailles est un € voyant ». S'il ne pressent pas les crimes de la Révolution, il devine ses bienfaisances. — Du premier coup, il juge que son souffle est de ceux qu'aucune force humaine ne dissipe.. Fils de soldat, soldat luimême, il a dans les luttes de parti les mêmes audaces que dans les combats militaires. — Sorte de reître qui ne craint ni le qu’en dira-t-on, ni les balles, qui s'élancera à l'assaut des abus comme il s’est élancé, comme il s’élancera à l'abordage des bateaux anglais.

Né en 1756, d'une famille aussi illustre par la valeur des siens qu’illustrée par la faveur royale, Noailles