Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE VIRIEU 251

eu à se plaindre de la démocratie; pas une fois ilne se sera souvenu vis-à-vis d’elle que sa naissance l'avait fait aristocrate.…

Au début des États généraux, Virieu avait été

nommé trésorier de la caisse dite patriotique. Cette gestion convenait à son enthousiasme naïf. — Après Malplaquet, Louis XIV envoya son argenterie au Trésor national; — certains députés espérèrent parer à la détresse financière du pays en fondant des vases sacrés et en ouvrant des souscriptions. Il y eut assaut de générosité! Mais que le chauvinisme a parfois de drôles d'expressions! Le 3 octobre 1789, une femme envoie à l'Assemblée 1200 livres en billets de caisse, avec cette lettre : . — « Mes seigneurs, j'ai un cœur fait pour aimer; j'ai amassé quelque chose en aimant; j'en fais entre vos mains hommage à la patrie. Puisse mon exemple être imité par mes compagnes de tous les rangs (1)!» Et la sentimentale Assemblée accepte avec enthousiasme ce renoncement d’une courtisane !

On n’en finirait pas de conter les excentricités du patriotisme démocratique à cette époque. Si j'en parle, c'est pour mémoire et parce que Virieu avait accepté d’en être un des chefs. Cette fonction volontaire achève de lui donner la physionomie d’un vrai « droitier », généreux toujours, crédule souvent, de

(1) Archives de Parme. Dépêche du bailli de Virieu, 4 octobre 1789.