Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu
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astres (1) ». Mais le vicomte de Noailles voyait clair. Cet « héroïque philosophe » sentait venir la démocratie en un flot impétueux; sans conspirer, sans chercher à renverser le roi, il entendait la mettre en possession de ses limites naturelles :
Ni lettres de cachet, ni Bastilles d’aucuns genres!
Et ramenant sa pensée vers son métier, il la synthétisait ainsi :
Il faut qu'il devienne plus facile au soldat de mourir maréchal de France qu'il n’est aisé aujourd'hui à l'officier de le devenir (2).
Tilly, qui l’a entendu tenir ce propos, court chez son ami et évoque le fantôme de la guerre civile :
Nous suivrons nos cahiers, répond Noaiïlles : nous irons un peu plus loin; le roi veut le bien, il nous secondera et, s’il faut finir par nous battre, c’est très bon pour la santé, nous nous battrons (3).
C’est dans ces dispositions d'esprit, résultat de sa générosité, que Noaïilles arrive en février 1787 à l’Assemblée des notables. Il y est appelé directement par le roi. Louis XVI le considère comme un réformateur éclairé, non comme un renverseur de trône; sans quoi il eût fait un autre choix. Et Louis XVI ne se trompe pas, car Noaïilles « se signale immédiatement dans la
(1) Vie de laprincesse de Poix, par la vicomtesse ne Nourres. (2) Trezv, t.II, chap.xxn, p. 334. (3) Ibid.