Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 112

semblée nationale. Mais je conjecture, bien que cet incident a pu précipiter les choses, que cet acte a pour origine 1 idée d'organiser les différents corps de telle manière qu ils puissent fonctionner au lieu d’être, comme à présent, une horde inutilisable !. » ro :

Le 23 juin Morris est à Versailles, où il semble qu'on a encore quelque difficulté à trouver un diner : « Je me rends chez Mme de Tessé, qui me fait un accueil cordial, tout en se plaignant de mes opinions politiques. Arrivent Lord et Lady Camelford avec leur fille. M. Jefferson me dit que se fondant sur la connaissance d’une connaissance de Mme de Tessé, et sans être eux-mêmes connus d'elle, ils lui ont fait demander à diner. C’est être aussi libre et sans-gêne que les Français eux-mêmes ?. »

… Sans savoir exactement ce qui s’est passé dans la séance royale, il n'en augure pas grand bien : « Le roi aujourd’hui dans cette séance royale a plu à la noblesse et très fort déplu au tiers. Il est difficile d'apprendre exactement ce qui s'est

assé, mais il me semble que les nobles ont moins lieu d'exulter qu’ils ne s'imaginent... De chez Mme de Tessé je vais chez Mme Montvoisseux ; là la société est aristocratique, ravie du roi. Dans les coins on me raconte quelques anecdotes, qui font que je suis convaincu que le roi et la reine sont horriblement effrayés et j'en conjecture que la Cour reculera. Hier M. Necker a offert sa démission, mais le roi n’a pas voulu l'accepler. Cette après-midi il accompagne Sa Majesté, escorté par le commun peuple, qui lui prodigue ses cris d'approbation jusqu'à la porte du château. À sept heures et demie, quand je quitte Versailles, il est encore avec le roi. »

Le 25 juin, Morris a encore une lueur d'espoir. Il est encore allé à Versailles rendre visite au duc de Vauguyon (sic) : « J'apprends que la minorité du clergé s’est constituée en un corps et a accepté les propositions du roi. La majorité de la noblesse, qui naturellement continue à faire corps, a, dit-on, acceplé également ces mêmes propositions, avec quelques modifications. L'Assemblée nationale, quelque nom qu'il lui con-

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