Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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vienne maintenant de prendre, a résolu d'envoyer une députation au roi. La question est de savoir si le roi la recevra : car de là dépend le sort définitif de la noblesse !. »

Le 27, après la lettre du roi aux nobles, il juge que tout est fini, et voici le jugement lumineux que porte son Journal: « La noblesse en ce jour, par égard pour la requête du roi, s’est réunie aux deux autres ordres. De sorte qu'enfin la grande question est résolue et l'on votera par léles. Il leur reste à faire une Constitution et, comme le Roi est extrèmement timide, naturellement il se rendra à discrétion. L’existence de la: monarchie dépend donc de la modération de l'Assemblée. Du reste je crois qu'ils vont bientôt rétablir leur crédit, ce qui, entre autres choses, rendra plus favorables les échanges entre la France et les pays étrangers. Si l'argent de ce pays est mis en libre circulation, je pense qu 3l ra partout le taux de l'intérêt. C'est une somme immense, ei les effets seront en proportion de l’activité et de la masse ?.»

Ainsi Morris, à ce moment, voyait sans trop d'alarmes, presque avec espoir, le résultat du conflit. N’avait-il pas été, dès le premier jour, partisan du vote par têtes pour faire la Constitution * )

Mais ce qu'il a noté avec une précision qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, c'est, le changement de souveraineté qui venait de s’accomplir. La Souveraineté avait dès lors passé du Roi à l'Assemblée, bien que le monarque restât sur son trône, provisoire et impuissant. Jamais révolution plus profonde ne s'était accomplie d'une manière plus pacifique. Elle s'était faite sans lutte véritable, inaperçue des contemporains, aux yeux de qui tels ou tels événements postérieurs, plus frappants et restés plus célèbres, ont paru décisifs. En réalité tout dès lors était décidé.

Cette révolution première, Morris l’a notée avec une pénttration singulière. Il en a discerné les causes et suivi les progrès. Voici les principales de ses observations successives. « Le 7 avril 1789, La révolution qui s’accomplit dans ce pays est étrange. Un petit nombre de personnes qui l'ont

1. D, Ep, 106,— 0, T. I, p. 106, — 3. Gi-dessus, p, 110