Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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obligé de se conformer quiconque entend marcher en paix. C'est quelque chose de piquant, que ce jour de violence et de tumulte est le seul où j'ai osé aller à pied dans les rues; mais comme il n'y a point de voitures dehors, excepté les fiacres, je ne cours pas le risque d'être écrasé, et je ne crains rien de la populace. Mme de Flahaut est dans une grande appréhension que je m'efforce de calmer !. » — « Je vais au club ct cause un moment des affaires de l'État. M. de Moreton me dit que les nouveaux ministres sont un lot de gredins (rascals) et de tyrans ; il les connait parfaitement, et parmi eux se trouve, semble-t-il, un de ses parents pour lequel il ne fait preuve d'aucune partialité. » D’autres bruits encore arrivent de Versailles et Morris conclut : « La Cour et le parli populaire sont butés l’un contre l’autre. Dans dix jours ce sera, je pense, une chose décidée, si le recul du monarque sera immédiat et ne ruinera que ses conseillers, ou s’il sera retardé et si la ruine de ses ministres entraînera sa pr opre ruine. »

Morris termine cette veillée des armes par celle dernière observation : « On amène quelques cavaliers au Palais-Royal. Nous allons voir ce que c’est et ne pouvons l'apprendre. Un des orateurs nous dit cependant qu ils ont reçu une députalion de deux régiments cantonnés à Saint-Denis, qui offraient de se joindre au tiers, pourvu qu'on allât à leur avance pour les recevoir. Mes compagnons les pressent d'y aller à tout prix. Mais celte manœuvre doit tout au moiïins être renvoyée au lendemain. Les chefs, à mon avis, font fausse route, en n’amenant pas quelque bonne rude collision entre les troupes étrangères et Les troupes nationales ?, »

Le lendemain, c’est le 14 juillet. Ge jour-là Morris va en voiture comme d'ordinaire à ses affaires et à ses plaisirs : on arrête seulement deux fois sa voiture, pour voir si elle ne contient pas d'armes. C'est au cours de ses visites qu'il apprend les événements : « Pendant que je suis en visite chez M. Le Coulteux, arrive une personne pour annoncer la prise de la Bastille, dont le gouverneur à été décapité ; le prévôt des marchands a été également tué et décapité : on promène

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