Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 139

Jution : « Je n'ai point vu de faction dirigeante, dit Malouet, pas même le club des Jacobins, qui vivait au jour le jour, comme le parti de la Cour. J'ai vu dans tous les partis un état de choses tellement désordonné en fausses combinaisons, en caractères faibles et violents, en prétentions et en oppositions insensées, quil devait en résulter tout ce qui est arrivé, mème le crédit des Marat et des Robespierre. Quoi! point de chef et point de plan dans le parti populaire! Non; ce qu'on peut véritablement appeler un chef, exécutant un plan combiné, soit par lui, soit par sa faction, je ne connais pas une telle chose dans le cours de la Révolution jusqu'à la journée du dix-huit brumaire‘. » Le club de ce temps était d’ailleurs une forme d'organisation particulière et rudimentaire. C'était bien une association, une société qui recrutait ses membres et n’admettait point indifféremment toute personne; on le verra bien lors des redoutables épurations auxquelles le club des Jacobins procédera sous la Convention. Mais elle se bornait à discuter les questions politiques pendantes ou qui allaient être portées devant l’Assemblée nationale. Comme cette Assemblée, le club admettait le publie à ses débats, et les tribunes des Jacobins n'étaient pas moins puissantes que celles de l’Assemblée. Là aussi, comme dans les assemblées, luttèrent les différentes fractions du parti dominant. Durant l'histoire entière de la Constituante, tout effort pour créer un parli nouveau se traduit par la fondation d'un nouveau club : ainsi celui des Zmparliaux où club monarchique que Malouet essaya de créer au commencement de 1790?, ainsi le club des Feuillants, qui résultat du schisme opéré dans la société des Jacobins au mois de juillet 179.

Ce qui fit la véritable force du club des Jacobins, ce furent ses filiales, les nombreuses sociétés populaires créées dans les départements à son image et qui lui étaient affiliées, recevant de lui le mot d'ordre et prêtes à appuyer ses volontés. C'est à cette organisation que Morris fait allusion dans les passages suivants : « Aujourd'hui (15 août 1790 à Londres) M. Bouinville dine avec moi et me communique tout ce qu'il sait con-

1. Mémoires, t. 1, p. 292. — 2. Mémoires, t. Il, p. 28 et suiv.