Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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gers d’une Constitution trop démocratique et je le quitte. » A la même époque : « Rendu visite à Mme de Tessé. Elle est profondément engagée dans une discussion politique. Je m'aperçois que les démocrates avancés commencent à se refroidir un peu et je crois que par degrés ils seront sensibles à la raison, quand même ils ne la comprendraient pas ?. » Nous savons aussi que Morris s’occupait alors lui-même du plan de Constitution ?. Mais, d'autre part, dans lemême mois de juillet il écrivait à Carmichael: « S'ils ont le bon sens de donner aux nobles, en tant que tels, une part dans l'autorité nationale, cette Constitution durera probablement: autrement cela dégénérera en monarchie pure ou deviendra une vaste république. Une démocratie, cela peut-il durer ? Je ne le crois pas, à moins que le peuple entier soit changé *. » Et à Washington, à la fin du mois: « Vous pouvez considérer la Révolution comme complète, c'est-à-dire que l’autorité du roi et de la noblesse est complètement abattue ; mais je tremble encore pour la Constitution. » Il ajoute cette remarque qui confirme son opinion sur les événements du 12 au 14 juillet: « Je passe sur ces faits que vous ne pouvez pasignorer, pour mentionner que toute l’armée française s'est prononcée pour la liberté, et que la seule raison pour laquelle Sa Majesté n'a pas pris les mesures indiquées ci-dessus, c'est qu'elle ne trouve pas un seul régiment qui lui obéirait*. »

Lorsque les principaux points de la Constitution ont été votés, Morris en a amplement signalé les vices.

Cest d’abord la déclaration des droits de homme et du eiloyen. Cependant si, au début, la Constitution fédérale des États-Unis ne contenait rien de semblable, celles de la plupart des États particuliers étaient précédées d’une déclaration des droits. Ces déclarations américaines sont, pour la plus grande partie, de la même nature que la nôtre : ce sont des proclamations de principes abstraits et généraux. Elles en diffèrent cependant en deux points. Elles contiennent, çà et là, mêlés aux axiomes philosophiques, des articles qui garantissent tel ou

. T. 1, p. 13g. — 3. Ci-dessus, p. 131.

, p. 216. — 5. TE. I, p. 143.