Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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comme nous l’avons déjà fait remarquer, dans cette révoluüon qu'il condamne et qui foule aux pieds toutes les règles de la sagesse politique, il sent une grande force, une profonde rénovation qui s'opère autour de lui. Il ne se contente pas de dire : « Malheureuse France, être déchirée par la discorde au momentoù des conseils sages et modérés V'auraient conduiteau pinacle de la grandeur humaine‘ !l°» Au commencement de février 179r, il écrit à Washington: « Au milieu cependant de toutes ces confusions, par la confiscation des biens du clergé, la vente du domaine, la réduction des pensions, la suppression des offices, et spécialement par ce grand liquidateur de la dette publique, le papier-monnaie, cetle nalion fraie sa voie vers un état d'énergie active, qui, je le crois, se déploiera aussitôt qu'un vigoureux gouvernement se sera établi. La confusion qui en résulte suscitera probablement des hommes de talent, pour former ce gouvernement et utiliser sa puissance?. » En septembre 1791, le jour où se clôt la session de l'Assemblée constituante, parlant des plans des émigrés de l'appui qu'ils attendent des monarques européens, il décrit presque. par une vue prophélique, les futures conquêtes de la République et de l'Empire: « La partie faible du royaume dans l’état actuel, c’est la Flandre ; mais si les provinces d'Alsace-Lorraine, la Flandre française et l’Artois lui élaient arrachées, la capitale serait constamment exposée aux visites de l'ennemi. L’acquisition de ces provinces, comme vous le savez, a coûté énormément de sang et d'argent et, si Louis XIV avait réussi à faire du Rhin sa frontière de la Suisse à l'Océan, il aurait presque obtenu les avantages d’une position insulaire. En vérité on peut difficilement s'empécher de souhaiter que les pays compris dans ces frontières soient unis sous un libre et, fort gouvernement, car, selon toute probabilité humaïne, ce serait le moyen dé répandre sur toute l'Europe dans un avenir prochain les bénédictions de la liberté”. » Le r3 février 1793, au moment le plus tragique de la Révolution, il écrit à Jefferson : « Quelque

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». 228, 6 novembre 2790. — 9. T. I, p. 383. », 458.

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