Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES ÉTATS GÉNÉRAUX. L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE 204

le sens des cahiers: ce dernier point seulement à concerter avec MM. de La Fayette et Barnave et, dans le cas où ils y acquiesceraient, la retraite du roi hors de la capitale leur serait proposée, pour ètre protégée par la portion la plus sûre de la garde nationale, les clubs et les rassemblements devant être interdits le même jour par une proclamation. Je prenais sur mon compte toutes ces communications, qui au raient pu compromettre M. de Montmorin. Cependant il me dit qu'il s’en chargerait volontiers et que, même la réponse de MM. de La Fayette et Barnaye étant négative, il se fierait à leur loyauté, mais qu'il ne serait pas aussi facile de les réunir pour une action commune : enfin que, d’après l'éloignement qu'il connaissait au roi pour les deux, il doutait encore plus que $. M. approuvât mon projet. En effet le roi dit non assez sèchement. Ce non fit pâlir l'abbé Raynal et lui imprima plus de terreur que la colère de l'Assemblée *. »,

Cependant la fuite se préparait avec Bouillé et Malouet affirme que ni lui ni Montmorin n’en ont rien su. Morris n'en savait rien non plus et ses dernières communications avec Montmorin avant son départ attestent leur commune ignorance. |

Lorsqu'il apprend à Londres les premières nouvelles le 25 juin, son jugement est prompt: « Nous apprenons que le Roi et la Reine de France se sont échappés des Tuileries et ont pris six ou sept heures d'avance sur leurs gardiens. Cela produira des conséquences considérables. S'ils sont en sûreté, la guerre est inévitable, et, s'ils sont repris, cela suspendra probablement pour quelque temps tout gouvernement monarchique en France?. » Il ne cherche donc point, comme le fait Malouet, à essayer de prouver que, si l’entreprise avait réussi, les choses auraient pu se terminer autrement que par une guerre civile *. Le même jour il écrit à un ami: « Le Roi et la Reine de France se sont échappés, mais je ne sais pas encore s'ils sont hors du royaume. Ces événements me rendent ‘très anxieux de retourner en France; car je pense

1. Mémoires, t. Il, p. 141. — 2. T. L, p. 427. 3. Mémoires, t. Il, p. 445 et suiv.