Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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sinée pourtant dès le premier jour. La majorité de l’Assemblée n'était pas prête pour la République. Sans doute, à la mort de Mirabeau, Malouet. constate que « le parti réptblicain commence à poindre dans l’Assemblée ! ». Mais ce n'étaient que quelques individus. Barnave et ses amis, comme La Fayette et les siens, voulaient conserver la forme monarchique : nous venons d’en voir les preuves précises dans les négociations d'avril et de mai. Malouet signale l'attitude conciliante des principaux députés du côté gauche dès que le départ du roi fut connu : « Avant qu'on fût instruit de ce qui s'était passé à Varennes, plusieurs d’entre eux s’ouvrirent à nous pour un projet de négociation ?. » Aussi les défenseurs du roi n’eurent pas de grands efforts à faire pour avoir cause gagnée : « Dans l’Assemblée, le parti républicain a traité le roi très durement, mais le décret qui insiste sur son inviolabilité passera », écrit Morris le 14 juillet. k

Mais au dehors de l’Assemblée le parti républicain qui voulait la République existait déjà ; il était largement entré au club des Jacobins et avait conquis une partie au moins de la population parisienne, Ceux-là n'admettaient pas que l'affaire se terminât ainsi. Le 15 juillet, le Journal porte : « Paris est en émoi ce soir à raison du décret qui a passé presque à l'unanimité dans l'Assemblée déclarant l'inviolabilité du roi »: et plus loin: « Comme je loge à l'Hôtel du Roi, près des Tuileries, il n’est pas du tout impossible que j'aie une bataille sous mes fenêtres. L’avant-sarde de la populace est formée de deux ou trois mille femmes. »

Le 13 et jours suivants a éclaté le schisme qui couvait aux Jacobins; presque tous les députés qui faisaient partie du club vont siéger aux Feuillants?. Le 17, c'est l'affaire du Champ de Mars que Morris considère sur le moment comme le premier signe de rétablissement de l'ordre. Cependant il n'a pu voir la scène de ses, yeux : « Je vais au Louvre et rencontre en chemin la municipalité avec le drapeau rouge

1. Mémoires, &. II, p. 138. — 2, Mémoires, t, IL, p. 145. 3. Buchez et Roux. Histoire parlementaire de la Révolution française, 1. XT; p. 143-164.