Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

CHAPITRE. IV LA LÉGISLATIVE. — LE ro AOÛT

Étudier la politique intérieure pendant la courte existence de la Constitution de 1791 (1 octobre 1791-10 août 1792). c'est constater l'échec total de cette Constitution : et pour Morris qui l’a, dès le début, déclarée impraticable, tout est là. On peut se demander cependant si cet échec était fatalement commandé par la logique des institutions. Maloré ses vices, ce n’était point du tout une monstruosité. On l’a dit plus haut, elle ressemblait beaucoup par certains traits à la Constitution des États-Unis, et Morris, avant qu'elle füt née, l'avait ainsi caractérisée lui-même : « Ils veulent une Constitulion américaine, avec un Roi pour exécutif au lieu d'un Président. » [Lest vrai qu'il manquait une seconde Chambre: mais au printemps de 1792 le parti constitutionnel était décidé à l’établir. « Le 14 mai 1792, je dine au Louvre, écrit Morris : Mme de Flahaut me prend à part pour me dire une-‘heureuse nouvelle qu'elle a apprise de M. de Ricé. C’est que les vieux Jacobins (les constilutionnels) sont disposés à adopter une seconde Chambre. Je lui dis qu'il est trop tard ; ils n'ont plus maintenant d'importance ; les armes doivent trancher la controverse. Elle est convaineue à la fin et par là très désolée?. »Il y avait aussi le système d’anarchie administrative établi par la Constituante : mais il était aisé de l’amender en donnant dans les départements des représentants au pouvoir exécutif. Les choses avaient mieux tourné qu'on ne pouvait

DO TD 05 LT. p. 531.