Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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parti Jacobin : il les Tr en tant qu' Américain, sous un jour tout particulier : «À la tête de la faction jacobine se trouve la députation de Bo. et cette ville, comme vous le savez, est particulièrement mal disposée pour nos intérêls commerciaux !. »

Ceux-là ne professaient point ouvertement le dessein d’abolir la monarchie : « Le projet de cette cabale, dit Mallet du Pan, n’est pas la République nominativement, mais la République de fait, par la réduction de la liste civile à cinq millions; par le retranchement de la plupart des attributs laissés au roi, par un changement de dynastie dont le nouveau chef serait une espèce de président honoraire de la République, auquel ils donneraient un Conseil exécutif, nommé par l’Assemblée, c’est-à-dire par leur Comité. »

Ils ne se déclaraient pas non plus les ennemis de la Constitution et affectaient, au contraire, de l'appliquer et de la défendre. Ce sera là dans la suite un des principaux griels des Montagnards contre les Girondins. Morris explique cela à Jefferson le 23 octobre 1792 : « Les Brissotins prétendent que l’attachement qu'ils professaient pour la Constitution défunte était seulement simulé et était nécessaire pour couvrir leurs allaques contre elle ; que dans leurs divers décrets ils ont eu constamment en vue l'avantage qu'on gagnerait à obliger le roi soit à sanctionner ce qui (bien qu'agréable au peuple) élait contraire à la Constitution, auquel cas la Constitution serait devenue lettre morte et aurait laissé le champ libre à la lutte entre le roi et la législature — ou, si le roi refusait sa sanction, cela tournait contre lui la voix du peuple et Dar conséquent l’exposait à une attaque avec chance de succès, lorsque le moment favorable se présenterait ; bref, que c’élaient eux qui avaient formé le plan d’une armée de vingt mille républicains sous les murs de Paris et qui prirent des mesures privées et eflicaces pour mettre cette armée en marche si (comme on l’ appréhendait) le roi mettait son velo au décret : que c "était grâce à ces mesures que les Bretons, les Marseillais et autres fédérés € étaient sur les lieux pour exécuter

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