Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOÛT 217

et beaucoup, qui voyaient dans le rétablissement de l’ordre la perte de leur importance, résolurent de rejeter toute soumission aux têtes couronnées, comme indigne d’un peuple libre, etc. Ajoutez à ceux-là le nombre des mendiants, des mécontents soupirant après un temps de pêle-méle, de pillage et de confusion !. » Après le 10 août il écrit à Rufus King : « La dernière Révolution a pour cause première cet excès du tempéramment humain qui pousse les hommes aux extrèmes, s'il n’est pas réprimé et contrôlé ?, »

Cette poussée républicaine ne déployait pas encore ouvertement le drapeau de la République. Cependant tous les hommes quisuivaient ce mouvement considéraient comme une première ébauche la Constitution de 1791, qui était, sinon eflicacement, du moins sincèrement monarchique. Les droits du roi ne leur semblaient aucunement respectables ; et, de ce côté aussi, on avait le désir, quand cela serait possible, de déchirer la Constitution.

Mais dans la masse on peut distinguer plusieurs courants, deux principaux. Ils sont bien marqués sur la « carte politique » qu'a « crayonnée » Mallet du Pan dans le Mémoire qu'au nom du roi il remit en juillet 1792 aux souverains alliés contre la France.

Le premier groupe comprend les Girondins et les Brissotins, auquel Mallet donne Sieyès pour chef : « La section actuellement dominante est présidée en chef par l'abbé Sieyès qui la gouverne avec Brissot, Condorcet, Pétion, Gensonné, Vergniaud, Guadet et Manuel. Cette cabale avait formé le dernier ministère. Outre ses propres adhérents, elle rallie assez ordinairement à ses décisions la majorité des 250 fourbes, politiques ou poltrons, classés dans l’Assemblée nationale sous le nom d’indépendants #. » Il caractérise d’ailleurs fort nette- . ment les Girondins : « Elle a (cette faction) l'avantage des raffinements, des talents et d’un plan dont les fils sont tendus par l’abbé Sieyès. » Morris, le ro juin 1792, dans une lettre à Jefferson, signale aussi les Girondins comme les chefs du

LT I, p. 503. — 2,7, I, p. 600. 3. Le ministère Roland. — 4. Mémoires, t. I, 429.