Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOÛT 225

ayant le même but, mais affectant proprement la forme milifaire, était préparé parallèlement par d’autres hommes : « MM. de La Fayette, de Narbonne et une autre société de manipulateurs, suivaient des vues analogues, mais par d’autres moyens principalement tirés de l’armée. En conséquence M. de Narbonne appuya la guerre dans le Conseil. Ces mesures, conformes au génie de leurs auteurs et conduites avec Ja dernière étourderie, n'ont pas eu plus de succès que les précédentes. »

L'autre sociélé de manipalateurs dont parle Mallet, comprenait Morris et Malouet. Nous retrouverons dans les Mémoires de ce dernier quelques-unes de ces tentatives. Parlant du retour de Lally-Tollendal (avril 1792) à Paris : « Il se trouvait fréquemment, dit-il, à nos réunions chez M. de Montmorin, avec MM. de Malesherbes, Clermont-Tonnerre, Bertrand, La Tour-du-Pin, Governor Morris, délégué des États-Unis, pour qui le roi avait du goût, et qui donnait à S. M., mais aussi inutilement que nous, les conseils les plus vigoureux !. » Mais outre sa participation à ces conciliabules, Morris avait une action propre qui se dégagera un peu plus loin.

De cet ensemble de faits, les coups d'État n’aboutissant pas et les constitutionnels perdant pied, il résulta que la lutte s'établit et se concentra entre la Cour et les Jacobins, qui avaient pour eux la majorité de l’Assemblée. Les deux camps adverses voulaient également la ruine de la Constitution et s’accusaient mutuellement de la vouloir, comme Morris l'écrit. à Jefferson le 7 juillet 1792 : « Depuis quelques semaines, les

artis adverses, je veux dire la Cour et les Jacobins, ont trayaillé chacun à rejeter sur l’autre l’odieux de violer entièrement la Constitution et de commencer la guerre civile. Le parti qui s'appelle indépendant, et qui, en fait, est le parti peureux, soupire après la paix et saisi t avidement tout ce qui en a les apparences et le nom. C'est pour attraper ces goujons que la scène de samedi a été jouée?. Le roi et la reine, prenant au

1. Mémoires, t. IL, p. 230. 2. C'est la séance de samedi 30 juin, dans laquelle Pastorct, rendant compte de la situation au nom du comité extraordinaire, nommé par l’As-

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