Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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sérieux les acteurs et sachant que leurs vies avaient été en jeu, furent ravis, et leurs timides conseillers, tremblant sous le pouvoir tyrannique de l’Assemblée, gobèrent avec empressement l’appât de conciliation qui avait été jeté sans espoir qu'ils l’avaleraient!. » Le r°' août 1l écrit encore à Jefferson : « Dans ma lettre n° », jai mentionné que M. de La Fayette allait commencer une attaque contre la faction jacobine, et je craignais son insuccès. Je crois en vérité que, si M. de La Fayette paraissait maintenant à Paris sans son armée, il serait mis en pièces. Dans l’état de choses présent, il paraît évident que si le roi n’est pas perdu, il deviendra bientôt absolu ?. »

Ce fut une véritable guerre entre deux armées ennemies, et qui comporta le caractère implacable, mais aussi les adoucissements conventionnels des guerres véritables, les négociations, les tentatives de traités ou de capitulations. Chose singulière et qui s'explique cependant par là, la Cour, qui repoussait avec horreur les avances des constitutionnels, n’avait point de répugnance à négocier avec les Girondins, les Jacobins. Cela se voit clairement dans les Mémoires de Malouet. « Dans l'entourage du roi « on entretenait, au nom du roi, des rapports dangereux avec les plus furieux Jacobins, avec divers membres de l’Assemblée. Guadet, Vergniaud, Pétion, Santerre étaient admis à cette correspondance ‘ », Au commencement de juillet 1792 : « M. de La Porte (l'intendant de la liste civile) me confia alors sans aucun détail qu'on était en négociation avec les principaux Jacobins ; que moyennant de l'argent ils se chargeaient de contenir le faubourg Saint-Antoine. Je retrouvai là toutes les chimères, tous les petits expédients de M. Bertrand #. » Le 7 août « Montmorin se rendit sur-le-champ chez le roi: Mme Élisabeth lui apprit que l'insurrection n'aurait pas lieu ; que Santerre et Pétion s'y étaient engagés et avaient reçu 750 000 livres

semblée prononça un discours, qui fut envoyé aux 83 départements et dans lequel il faisait appel à l’union de tous les Français. Isnard s'y déclarait aussi l'un des vrais amis de la Constitution. Réimpression de l'Ancien Moniteur, t. XIIL, p. 7 et suiv. 1. EI, p, 652. — 2. T. I, p. 566. Mémoires, t. IE, p. 214. — 4. Mémoires, t. LU, P'-924