Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE ro AOÛT 237

our Monciel (alors ministre). Leur ordre est captieux ; et, S'ils ne rougissent pas de l'inconsistance de leur conduite. ils po ont rudement les ministres !. »

En dehors des ministres jacobins, un seul ministre put vraiLe se faire écouter de l’Assemblée. Ce fut Narbonne, le grand seigneur, qui, disait-on, avait dans ses veines du sang Foyal « quelques-uns le disent fils de Louis XV par Me Adélaïde, sa propre fille et l'une des tantes du présent roi ?. » C'était l'ami de Talleyrand et sa jeunesse avait été fort orageuse. Nous avons vu sé il avait ambitionné le portefeuille <s affaires étrangères : « Mais alors le roi ne voulut pas l'accepter à cause de la crue indiscrélion de Mme de Staël ; au commencement de la Révolution il était l'amant en titre de celle-ci *. » Il réussit à se faire nommer ministre de la Guerre, à la re de Duportail, mais Morris augurait mal de son succès. « M. de Narbonne est allé ce matin (4 décembre 1791) à l’Assemblée pour annoncer sa nomination. Je serais surpris, s'il réussissait ; car, bien qu'il ne manque en aucune façon d'intelligence, je crois qu'il n’a pas l'instruction nécessaire, qu'il n’a pas acquis l'habitude des affaires et qu'il est totalement dénué de méthode en politique ‘. » Or il se trouva que ce viveur, par sa yérve, son audace et son entrain, plut à l’Assemblé. Morris constate ses succès, mais en même temps lance contre lui de graves accusations dans la lettre à Washington du 17 mars 1792 : « Il s’est fait l'avocat de toutes les mesures violentés : chez des hommes réfléchis cela eût éveillé les soupçons, mais non point dans l’Assemblée. Il s’est associé aux partisans de la démocratie et, pendant que, par ce moyen, il s’assurait contre leurs clameurs, il a pris grand soin de ses intérêts pécuniaires. Cela du moins m'a été affirmé et l’on ajoute qu'il a eu l’impudence de payer ses dettes, bien qu'il soit notoire que ses propriétés (qui sont à Saint-Domingue) sont au nombre de celles qui ont été dévastées ?. »

Voilà ce que l’on peut reprocher à l’Assemblée. Que peut-on reprocher au roi ?

1. ©, I, p.547. — 2. T. I,p.5 . T. I, p. 506, 507; cf., p. 478. ie

DOTE 4. T. I, p. 486. — LD: Lo