Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOÛT Un

Vargent, comme « il ne portait aucune marque de propriété » il « consentirait à en devenir dépositaire et à en faire l'emploi qu'on voudrait bien lui indiquer. M. de Monciel lui apporta le 22 juillet 547 000 livres, dont 539009 livres étaient déjà là, le 2 août, en train d’être employées conformément aux ordres du Roi’. La somme de 449 750 livres payée le 2 août devait être convertie par Brémond en louis d’or. Il en acheta effectivement 5000, et les distribua en bourses de 20 louis, car il s'agissait d’en faire la distribution à des personnes qui devaient se transporter avec des affidés aux lieux

ui leur seraient indiqués et s'y battre sous leurs chefs... En attendant les 5000 louis restèrent chez M. M(orris). » Tout cela est confirmé par le Journal: « 24 juillet 1792. Monciel m'apporte l'argent du roi à la requête de Sa Majesté, qui dit que je lui ai toujours donné de bons conseils et qu'il a la plus grande confiance en moi. » — « 3 août. Brémond m'ap-

orte ce matin 5000 louis qu'il a achetés ?. » En 1796, à Vienne, la démarche de Morris près des princesses de la maison de France avait justement pour but de leur remettre lereliquat de cet argent, diminué par divers versements, comme il l’explique en plusieurs endroits, et placé par lui en fonds angiais.

Un autre trait du plan combiné par Morris paraît aussi indiqué par cette note portée au Journal le 3r juillet: « Le soir je me retrouve avec Monciel et il me donne les bulletins de la soirée précédente. Nous convenons de ce qui doit être fait et du message qui doit être envoyé par M. Burceau de Pazy à M. de La Fayette . »

D'ailleurs, il paraît plein de confiance. Sans parler de bien des petits faits relevés au Journal, on lit dans la lettre à Jefferson du 1° août : « Quelques-uns des chefs des Jacobins, me dit-on, se sont préparé les moyens de passer en Amérique, et parmi eux notre vieille connaissance M. de Condorcet. Ils doivent s'embarquer à Dunkerque ou à Saint-Valéry “. » Le

1. La phrase est embarrassée ; elle est calquée sur l'anglais ; there were, il y en avait.

2. T. I, p. 555, 588. Le 3 août Morris est mis en correspondance directe avec la reine.

3, T, L p. 566. — 4. T. I, p. 567.