Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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(come round). Je crois que cela vient d’un manque de courage, qui les empêchera toujours d’être vraiment royales !. »

Tout semble perdu. Morris ne désespère cependant pas : mais il est clair qu'il veut prendre lui-même la direction. Déjà le 7 juillet il écrivait à Jefferson : « Aujourd'hui le roi. va commencer une nouvelle carrière et, s'il va à fond, je crois qu'il réussira ?. » Le 1° août : « Si cette lettre tombait en de mauvaises mains, cela occasionnerait beaucoup de bruit et de soitises, auxquels il est déplaisant de voir son nom mêlé et les gens qui ont l'esprit mal fait ne savent pas distinguer entre une personne qui a obtenu des informations exactes sur ce qui va se faire et ceux qui sont les acteurs du drame. Pour cette raison je dois m'abstenir de faire connaitre les plans qui s’agitent en ce moment pour obtenir une bonne Constitution. Je n'ose dire que j'espère que cela aura lieu. Je le désire ardemment, mais j'ai des doutes et des craintes, parce que je n'ai pas confiance en la moralité du peuple *. »

Nous ne savons pas au complet quels étaient ces plans Mais nous en connaissons des fragments. La note en français dit en effet, après avoir rappelé l’insuccès ci-dessus rapporté : « Le moment était d'autant plus critique que S. M. avait déjà les preuves de la conspiration tramée contre sa personne. Il ne lui restait alors qu'un seul moyen. Il fallait remporter la victoire dans le combat qui allait se livrer aussitôt que les conspirateurs se trouveraient en force. M. de Monciel, après avoir eu une explication avec Leurs Majestés, consentit à les servir encore, quoiqu'il ne füt plus au ministère. On s'occupa ! de lever à la hâte une espèce d'armée royale, chose extrème= ment délicate, qui ne pouvait que compromettre ceux qui s’en seraient mélés, si les ennemis du Roi avaient le dessusM. de Monciel associa à ses travaux M. Brémond, un homme courageux, zélé, fidèle, mais bavard et imprudent t, » — Le Roï, continue la note, demanda à Morris de prendre chez lui ses papiers et son argent. L’Américain répondit qu'ils ne se= raient pas plus en sûreté à son domicile qu'aux Tuileries, car il était bien connu des ennemis de la Cour. Cependant pour

15 Dep 5630, TL p 569 8/0 p.550. 4. (T. I, p. 558: