Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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terre est seule praticable, mais que, dans ce cas, ils seraient isolés, car l'Espagne n'agirait pas avec eux!, »

Mais chose singulière, en 1792, au moment où va être déclarée cette guerre qu’il à annoncée de si loin, il la considère comme une suprême folie. Le 27 décembre il écrit à Washington : « L'Assemblée (comme vous le supposez bien, vous qui connaissez les corps de cette espèce) commet chaque jour de nouvelles folies et, si ce malheureux pays n'est pas replongé dans le despotisme, ce ne sera pas leur faute. Dernièrementils ont fait un coup de maître à cet effet; ils ont résolu d’attaquer leurs voisins, s'ils ne dispersent pas les réunions d'émigrés français qui se sont réfugiés sur leurs territoires. Ces voisins sont membres de l'Empire germanique, et la France médite de porter dans leur pays, non pas le glaive, mais la liberté. Mais comme, dans le sens que lui donnent les Cours germaniques, ce mot ne veut pas dire liberté, mais insurrection, vous voyez le prétexte qu'il donne à des hostilités, sans violation du droit des gens?. » Le 14 janvier 1792, il voit Talleyrand et celui-ci justifie la guerre, comme Morris le faisait jadis: il y voit le salut de la nation et montre une netteté de vues qui annonce le grand homme d'État. C’est chez Mme de Flahaut et l’on se croirait aux jours de leur amitié passée : « Je trouve Mme de Flahaut au lit, malade. J'y reste après-midi et la soirée. L'évèque, qui est là une partie du temps, part demain. L'Assemblée aujourd’hui, sur un rapporb du Comité diplomatique, a résolu d'attaquer l'Empereur s'il n’a pas demandé pardon le 10 février. L’évêque dit que la nation est une parvenue et, naturellement, insolvable. Il dit que leur situation est telle que rien ne peut opérer, si Le n'est les remèdes violents et ceux-ci doivent tuer ou guérir. St.-Foi dit que l'Empereur sera irrité, mais ayant plus de crainte que de colère, devra se soumettre. Je demande ce que deviendront leurs finances. L'évèque dit qu’à partir d’un certain jour, qui est à fixer, les assignais n'auront plus cours forcé et qu'on laïssera les porteurs se payer sur les terres

a Le DD SUD IT, D: 192.