Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

262 GOUVERNEUR MORRIS

ma démission et revenir au pays, mais cela est plus facile à dire qu’à faire. Pour démissionner il faut la permission du président. Les circonstances mêmes que vous mentionnez sont de fortes raisons pour demeurer, car il n’est pas permis d'abandonner son poste au moment du danger‘. »

Mais dans le cours de ce même mois il fut arrêté dans la rue. Le lendemain (29 mars) il écrivait au ministre Lebrun: « Hier dans l'après-midi j'ai été arrêté dans la rue et conduit à la section de la Butte des Moulins parce que je n'avais pas de carte de citoyen. Heureusement une personne, qui apprit ce qui s'était passé, vint à ma rescousse et me tira d'affaire sous sa propre responsabilité. J'ai l'honneur de vous envoyer ci-jointe une copie du laisser-passer qui m'a été donné par la section. Je vous prie, Monsieur, d’avoir la bonté de me ga= rantir contre de semblables accidents, ennuyeux en euxmêmes et scandaleux par suite de leur publicité. Je vous prie aussi de me protéger contre les visites domiciliaires?. » En même temps il demande des passeports pour circuler dans l'intérieur de la République, pour ne pas être arrêté et renvoyé à Paris, comme cela lui était déjà arrivé au mois de janvier précédent. Lebrun lui répondit par une lettre d’excuses conçue en fort bon termes.

Cependant il paraît être en bons rapports avec le Comité de salut public. Il rapporte à Jefferson (7 mars 1793): « Les consuls vous transmettront et vous verrez dans les gazettes le décret qui ouvre à nos vaisseaux tous les ports de ce pays dans les mêmes conditions qu'aux leurs. Vous aurez la bonté de remarquer que cela a été fait sur un rapport du Comité de défense *. Or vous devezsavoir que les membres de ce comité, ou du moins la majorité d’entre eux, sont les ennemis jurés des membres du Comité diplomatique. J'ai reçu indirectement du premier (qui dispose entièrement de la Convention) une sorte d'assurance qu'ils feront pour les États-Unis tout ce que

r. T. LE, p. 38. — 2. T. IL, p. 4r.

3. TT, IL, p. 4o. « Committee of Safety. » Au mois de mars 1793, le. Comité de salut public proprement dit n’existait pas encore. Mais son prototype, le Comité de défense générale, avait été créé au mois de janvier 1709C'est lui sans doute que veut désigner Morris.