Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 263

je leur signalerai ; mais en fait, je ne vois rien que je doive leur demander. »

Mais dès le 13 février 1793 il avait résolu de s'éloigner momentanément de Paris: comine Sieyès, tout en conservant son poste, il cherchait à passer inaperçu. Il écrit alors à Jefferson: « Le sentier de la vie à Paris n’est plus semé de roses, comme vous pouvez l'imaginer : il est, en vérité, très pénible. L'idée qui se présentait d'elle-même était de louer une maison de campagne dans le voisinage pour la saison d'été. A la fin, pour que mon éloignement ne puisse ofusquer personne, jai acheté une maison de campagne dans un lieu retiré, où il n’est pas probable qu'aucune armée puisse passer ou repasser, alors même qu'il ÿ aurait invasion ennemie. L'acte en lui-même montre des dispositions amicales pour la France et, comme l'endroit est à une distance de vingt à trente milles de Paris, je serai à portée si les affaires exigent ma présence. M. Livingston, mon secrétaire, restera en ville, à moins qu'il n’en soit chassé par la guerre ou par la famine’. » Le lieu choisi était Seineport (département de Seine-et-Marne) ?. C'est de là qu'il date ses lettres à partir du mois de mai 1793. Sa correspondance à cette époque montre d’ailleurs qu'il ne négligeait point les intérêts de son pays”.

Il rentra à Paris au mois d'octobre suivant, un peu avant l'exécution de la reine. Mais un incident particulier rendit sa condition plus difficile que jamais. I le confia à Washington après avoir quitté la France en décembre 1794: « Je fus

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2. Dans l'édition anglaise de 1888 ce nom est toujours ortographié Sainport. Maïs il n’y a pas de doute c'est de Seineport qu'il s'agit. Non seulement géographiquement il est seul possible ; mais dans l'édition française de 1842, les lettres qu'écrit Morris à cette époque et qui sont intégralement reproduites sont datées de Seineport; par exemple, t. IL, p. 309, 329, 33r. L'orthographe du Journal: Sainport s'explique sans doute par une habitude déjà constatée chez Morris. Il écrit naturellement un nom français en prononçant les lettres à l’anglaise. Sainport prononcé ainsi, donne à l'oreille l'équivalent exact de Seineport. C'est ainsi qu'il écrit Saint-Croix au lieu de Sainte-Croix ; en faisant sonner le { à l'anglaise, saint donne exactement la même prononciation que sainte en français.

3. Édition de 1842, t. IL, p. 309 et suiv.