Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L’EMPIRE 321

ment la République française. Il a recu de Paris l'avis que Rewbell et Barras sont en hostilité, chacun désirant être le chef. Le prince de Reusse me dit que des personnes, arrivées dernièrement, mentionnent un grand mécontentement parmi le peuple. » À ces nouvelles politiques s’en ajoute une autre qui concerne la chronique scandaleuse. « M. de Simolin dit qu'il a reçu un message fort civil de l’évèque d’Autun et il me raconte une chose qui me surprend, à savoir que l’évêque avait l'habitude de battre Mme de Staël. IL dit que St. Foi, l'ayant entendu dire, demanda à l'évêque qui le reconnut". »

Le 8 décembre 1797. le Journal porte : « J'entends dire que Barras va monter sur le trône avec l’aide de son ami Bonaparte ?. > Le 19 janvier 1798, dans une réception à la Cour de Munich : « La rabies politica fait marcher les langues, de sorte que le murmure couvre presque complétement la voix de Mme de Hohenthäl pendant qu'elle chante. Après tout il semble y avoir beaucoup de lourd ennui dans notre atmosphère sociale. Le comte de Pfaffenhosen me conte quelques anecdotes sur le Directeur Barras. Il'avait arrangé pour lui, à la demande de son oncle, une union avec une jeune personne qui, étant sœur de Mme de La Motte, perdit son futur mari par l'affaire du collier. Alors, à la requête du même oncle, il négocia pour lui un autre mariage et emmena à la campagne le vicomte de Barras, pour voir et être vu. Là une trop grande intimité avec son domestique fut découverte et le projet de mariage fut rompu. Mon informateur me raconte qu'au mois de juin dernier il alla à Paris poursuivre un maître payeur qui l'avait volé. Il s’adressa à Barras qui le reçut bien, lui donna ses bons offices et finalement l'engagea à rester à Paris. « lei, dit Barras, je n'ai pas d'amis et il m'en « faut un.» Le ci-devant payeur est maintenant officier dans la garde directoriale et mange à la table de son maître, patron et amant, — lequel, malgré cette relation à laquelle il est fidèle, se laisse aller très librement à de licencieuses fredaines avec l’autre sexe. Barras est mené par son secrétaire et Jaiseur, un certain Lombard, qui est lui-même un très bas per-

1. D, Il, p. 308. — 2. T. Péno2re