Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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naissance Thugut est aux gages de la France !. » Morris n’est pas éloigné de le croire. Le r2 décembre 1796, dans le Journal, après cette mention intéressante : « Ayant commencé ce moisci l'étude de l'allemand, — entreprise difficile surtout à mon âge, — j y consacre mes matinées », on lit: « Diné chez M. de Schœnfeldt.… - J'apprends q ue M. Pellin, le faiseur de Mirabeau, dîne tous les jours avec M. Thugut, M. Pellin m'a été dépeint comme un des plus corrompus des hommes vivants. Voilà beau jeu pour les Français. Je présume que lorsque Mirabeau passa à la Cour, Pellin fut mis dans le secret, assez pour qu'on soit obligé de le traiter avec considération ?. » Le 31 janvier 1797 il écrit à lord Grenville et lui parle de Thugut : « Votre lordship sait que, sortant de la dissipation de l'homme de plaisir, il devint tout à fait un homme d’affaires fort reliré. Il n'accepte point d'invitations et ne va nulle part, mais dine chez lui, généralement en léle à têle avec certain M. Pellin autrefois le secrétaire, faiseur et confident de Mirabeau, — un gaillard fin, sensible et dépravé. Sir Morton Eden, à qui je fis remarquer cette étrange liaison et les conséquences dangereuses qu'elle peut avoir, me dit que Thugut est si discret que Pellin ne pourrait rien en tirer. Le Directoire est, dit-on, parfaitement informé de tout ce qui se passe dans les Conseils de l'Autriche, maïs c'est peutêtre une assertion en l'air . » D'ailleurs en mai 1708 à Francfort il a sur Thugut d’autres idées : « Après diner je prends M. Crauford pour une promenade en voiture ; il me rapporte la substance des informations reçues par le prince de Reusse. Son correspondant de Vienne lui dit que la majorité du Conseil étant opposée à Thugut, celui-ci déclara à l'Empereur que les Français avaient l'intention de l'attaquer, lorsqu'ils seraient débarrassés de ce qui les occupe actuellement ; que, par suite, il serait opportun de se préparer à la guerre : que, puisque S. M. était amenée à se faire une opinion différente, il ne saurait être utile qu’il restät en fonctions et que cela pouvait être pernicieux. Sur des remontrances semblables, fréquemment répétées, l'Empereur con-

NT, Il, p.202: — 2: 4: IL p, 526: "3T. T0, p. 258.