Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE 329

plus tard'.» Sur ce point de droit, je crois que Morris se trompait. Il se fondait sur les pouvoirs larges que les articles 230 et suivants de la Constitution accordent au Directoire pour la conclusion des traités. Mais il oublie que l’article 1" porte : « La République française est une et indivisible » et que Fart. 6 ajoute : « les colonies françaises sont parties intégrantes de la République. »

Morris attribue même au Directoire les habiletés peu loyales, qui traditionnellement sont considérées comme l’art parfait de la diplomatie. « M. de Saint-Priest (19 décembre 1796) me communique une chose dont il dit être sûr, à savoir que l'Espagne est entrée en guerre en vue (par suite d'ouvertures faites par le Directoire français) de placer le second fils du roi sur le trône de France. Là-dessus je lui dis que j'ai longtemps soupçonné quelque chose de plus important encore pour la paix de l'Europe, à savoir que l'héritier de la monarchie espagnole serait placé sur le trône de France. Cela aurait pour conséquence la chute du Portugal et avec les territoires qui se trouvent actuellement entre les mains de la France, ajoutés à la plus grande partie de l'Amérique, cela approcherait de la monarchie universelle, si longtemps appréhendée, il est vrai, sous une forme différente l'influence universelle plutôt que la domination universelle. J'ai toujours eu soin de ne point publier cette idée et ne l'an confiée qu’à une ou deux personnes, sur la discrétion desquelles je pouvais compter. Lorsque le jeune duc d'Orléans et ses deux frères furent invités à aller en Amérique, je considérai cela comme faisant partie de cette combinaison et je m'attends encore à la voir se réaliser d’une manière ou d’une autre. Pour consolider l'affaire on devrait s'eflorcer de lui faire prendre pour femme la princesse française ? d'ici. »

Dans le méme ordre d'idées Morris apprend de Dumouriez à Hambourg en 1797 que le ministre Autrichien Thugut est vendu à la France : « Dumouriez, dans une conversation que nous avons (26 mai), me conte diverses choses sur le passé et une sur le présent, qui m'élonnent. Il dit qu'à sa con

te ll, por — 2. L'H/p.238, Écrit à Vienne.