Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

Et pourtant, si elle ne triompha pas plus tôt, ce ne fut pas faute d’une élite favorable à la tolérance qui se composait d’humanistes et d’évêques lettrés comme Erasme, Briconnet et G. du Bellay ; de magistrats et de Jurisconsultes tels qu'Anne du Bourg et Cujas, enfin et surtout de quelques hommes politiques à la fois très patriotes et très équitables. Le chancelier de L’Hôpital, rédacteur de l'édit de janvier, Bodin, lillustre jurisconsulte, Étienne Pasquier et les membres du Parlement, qui appuyèrent la requête de l’amiral Coligny en 1561, Henri IV, Sully et Vauban furent les vrais précurseurs non pas seulement de la tolérance, mais de la liberté des cultes dans notre pays. L'Édit de Nantes fut la première charte de la liberté religieuse en Europe. Mais, hélas! ces hommes, comme tous les prophètes, étaient tellement en avance sur leur siècle, qu'ils furent méconnus de la grande masse de leurs contemporains et qu'ils ne purent faire prévaloir les conseils de la sagesse politique et de leur patriotisme prévoyant. Ils furent vaincus non seulement par les partisans de l'intolérance et de la contrainte en matière de religion qui, dans les deux camps, prirent souvent le masque de la religion pour cacher leurs ambitions de coterie ou de famille, mais aussi par des causes inhérentes à notre génie national.

La première fut la conception de la religion comme un rite public, de l’observalion uniforme et immuable duquel dépend le salut de la nation, comme des particuliers. Notion toute romaine! Dès lors, quiconque refuse de prendre part aux sacrement{s orthodoxes ou à la procession de la fête consacrée doit être contraint de le faire, sous peine de châtiment, de peur d'attirer le courroux de la divinité sur la cité ou le pays. Tout dissident de la religion d’État est considéré comme un ennemi public et, si on ne peut le ramener, il faut l’expulser du territoire national. Les commandements de l’Église officielle sont assimilés à des lois civiles.

La seconde cause d’intolérance fut le privilège obtenu, dès 1560, par le clergé catholique en France de tenir des assem-