Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

CONCLUSION 201

xvi au xvurr' siècle, furent opposés à l’idée de la diversité des croyances et des cultes qui n’était soutenue que par une élite d'écrivains et de politiques. Aïnsi la liberté de conscience, perdant à la mort de Mazarin l’appui du Roï, devait-elle fatalement succomber sous les efforts coalisés des Jésuites, cles assemblées du clergé et de la masse des corps de métier. Dès 1715, il se produisit un revirement complet dans l’opinion des hautes classes en France: on revint aux idées de tolérance et on se prononça de plus en plus hautement contre : l'oppression des consciences non catholiques. Mais il fallut du temps pour que la bonne cause l’emportät. Après une lutte acharnée de trente années, les Jésuites, quoique soutenus par les assemblées du clergé et par Louis XV, succombèrent sous les coups des Parlements et la liberté de conscience triompha grâce à l'appui d’un groupe de jurisconsulles du Parlement de Paris et des ministres de Louis XVI, soutenus par l'opinion. Seulement, tandis qu'en 1598 les mœurs et l’opinion générale des Français s'étaient trouvés bien en arrière, — sinon à l'opposé, — de la pensée de Henri IV et de l'Édit de Nantes ; en 1787, au contraire, le Roi el ses ministres restèrent plutôt en deçà des réclamations de l'opinion publique. Depuis l'Édit de tolérance de Louis XVI, malgré quelques retours offensifs de l’idée funeste de religion d'État, sous la Législative et la Convention, sous la Restauration et pendant la première moilié du second empire, l'esprit de tolérance, disons mieux, le respect de la liberté de conscience n’a fait que grandir. Il est entré de plus en plus dans les idées, dans les mœurs des Français et, partant, a déterminé les lois qui régissent les rapports de l'État avec les cultes, celles qui concernent l’enseignement et les associalions et surtout celles qui touchent à la conscience individuelle. C’est cet esprit libéral qui à inspiré tour à tour la Déclaration des droits de Phomme et la Constitution de l'an ILE, à un moindre degré le Concordat de 18or et la Constitution de 1852 et surtout les Chartes de 1814 et de 1830. C'est l'opinion libérale, en matière de conscience, qui à fait échouer les tentatives de réaction ultra-