Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE HENRI IV À LA MORT DE MAZARIN 27

Réformés. Mais alors s'ouvre une ère de paix religieuse, pendant laquelle catholiques et protestants ne s'adonnent plus qu'aux luttes fécondes des arts et de l'industrie, des lettres et de la théologie.

Cette activité fut encouragée par les deux grands ministres, qui dirigèrent pendant celte époque les affaires de la France. Le cardinal Richelieu, plus tolérant que la plupart des évêques ou des pasteurs de son temps, fit observer, autant qu'il put l'obtenir de subalternes souvent trop zélés, l'Édit de Nantes et celui de Nimes. On peut juger de ses sentiments par les instruchions qu'il donna au comte de Sault, commissaire chargé de faire exécuter les édits de pacification en Dauphiné. « d'estime disail-il, que comme il ne faut étendre « en faveur de ceux de la R. P. R. ce qui est porté par les édits, « aussi ne doit-on pas leur retrancher les grâces qui leur sont « accordées. Même à présent que par la grâce de Dieu la paix « est si bien établie dans le royaume, l’on ne saurait apporter « lrop de précautions pour empêcher tous ces mécontente« ments des peuples. Je vous assure que la véritable inten« lion du roi est de faire vivre paisiblement, sous l'obser« valon de ses édits, lous ses sujels el que ceux qui ont « autorité dans les provinces lui feront service de s'y con« former. »

Mais il s'en fallait de beaucoup que l'esprit de tolérance régnät dans les milieux ecclésiastiques, comme on le verra par les actes des assemblées du clergé catholique et des synodes protestants ; el le zèle fanalique des théologiens amena quelquefois le roi ou ses conseillers à se départir du respect impartial de la liberté des cultes. Dès 1630, à la requête des évèques de Valence et de Vaison, qui se plaignaient de la propagande faite par les ministres réformés, des arrêts du conseil privé interdirent à ceux de Dieu-le-Fit et de Mens de prècher dans les annexes où « quartiers » de leur église principale; cette interdiction fut étendue à tout le royaume par la déclaration de Saint-Germain-en-Laye (3 décembre 1634). On invoquait, à l'appui, l'article 10 de lÉdit de janvier