Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

28 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

1562, qui avait défendu aux ministres de la R. P. R. d'aller de lieu en lieu, de village en village pour y prècher. C'était remonter bien haut, jusqu'au temps des guerres civiles pour trouver un moyen juridique de limiter la liberté de propagande religieuse. L'’enlévement du collège de Loudun aux Réformés et l'interdiction d'en avoir un à Metz (1635) n'étaient pas moins contraires à la lettre et à l'esprit de lÉdit de Nantes (art. secret 37).

Par des arrêts rendus en 1637 et 16/40, on interdit aux Rélormés de s’assembler dans les temples, en l'absence de leurs ministres, « sous prétexte de prières publiques, lectures et autres actes du culte ». D'autre part on ordonna de saluer le Saint Sacrement, lorsqu'il serait porté dans les rues et défendit aux patrons protestants de faire travailler leurs ouvriers ou domestiques les jours de fête catholique.

Cela explique les doléances du synode national d'Alençon (1637) réclamant la liberté de prècher dans les annexes, la restilulion des cimetières enlevés aux protestants avant 1625. Il se plaignait encore que, malgré la promesse formelle de lédit de 1629, il y eût trente-buit lieux où l’on n'avait pas encore pu rétablir exercice du culte réformé, bien qu'il y füt célébré en 1620 et quarante-sept autres, où il avait été aboli par la force.

Les églises réformées durent attendre jusqu'au ministère du cardinal Mazarin pour obtenir satisfaction à ces demandes légitimes. La liberté des cultes fut mieux observée encore sous le gouvernement de ce prélat, que sous celui de Richelieu, ce qui s'explique par le caractère naturellement tolérant de Mazarin el par les loyaux services que les Réformés rendirent à la couronne pendant les troubles de la Fronde. Le gouvernement de la Régente fit témoigner sa satisfaction par le comte d'Harcourt aux députés de Montauban, venus à Paris. « La couronne chancelait sur la tête du Roi, dit, « vous l'avez raffermie. »

Sourd aux réclamations des assemblées du clergé de 1645 et 1650, Mazarin accorda coup sur coup aux dissidents deux