Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIY JUSQU'A L'ÉDIT DE TOLÉRANCE 37

zèle de ses missionnaires ; tout au plus en offrant une pension aux ministres, proposants et autres convertis de marque ‘.

À partir du gouvernement de Louis XIV, le clergé change de tactique et réclame sans scrupule l'emploi des moyens violents. Le discours de l’évêque de Lavaur au Roi, le 8 février 1667, est un signe de cette volte-face: « Sire, dit-il,

« la vraie Eglise se trouve tous les jours opprimée par les

« entreprises des prétendus Réformés, qui bâtissent des

A

« temples, par l'accroissement de ces faux prophètes, qui

< méprisent la vertu de nos cloitres! » Et il concluait en demandant « que le Roi, nouveau Constantin, soumit tous « ses sujets à l'autorité de l'Église et ruinât tous les peuples « de l'hérésie ! »

Singulière ironie qu'une église, qui se plaint d’être opprimée, quand elle n’est pas la maîtresse absolue des consciences, et qui traite de faux prophètes quiconque contredit son enseignement ! Eh bien ! tous les cinq ans, le Clergé gallican va répéter celle doléance, sur des airs variés, mais loujours avec le même thème. L'Assemblée du Clergé de 1665, par l'organe de l’évêque d'Uzès, témoigne à Louis XIV de l’allégresse éprouvée par les catholiques à voir démolir tour à Lour les « synagogues de Satan » (c'est ainsi qu'il appelle les temples protestants), en Provence, en Picardie, en Languedoc, au pays de Gex, et demande qu'on réduise à deux les temples du Béarn. Il voudrait qu'on interdit aux catholiques de se faire protestants. « Où est, s'écrie-t-il, le fonde-

« ment de cette liberté de conscience qu'on veut rendre

< cominune à tous nos sujets, indifféremment, sans distinc« lion de religion? Quel est ce privilège né du malheur des « lemps et du désordre des guerres civiles, qui autorise éga« lement le mensonge et la vérité? IL est constant, par les « déclarations les plus favorables à ceux de la religion pro-

1. Le fonds, dit des « Pensions aux ministres convertis », fut porté à 956 000 francs, par l'Assemblée du Clergé de 1660.