Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

108 HISTOIRE

éraillé la monarchie, tout en lui présentant des soumissions fictives. Le parlement de Paris s’avança à pas comptés vers la couronne; il présenta à Louis XVI des protestations respectueuses, puis des remontrances, puis un joug.

Calonne, ministre des finances, avait obéré l'État ; il se réfugia en Angleterre au lieu de rendre ses comptes et d’apaiser le cri de « haro!» qui atteignit ses opérations. Le cardinal de Brienne, qui lui succéda, pour alléger le poids des charges, mit en avant l'impôt du timbre et la subvention territoriale, afin d'atteindre tout à la fois le commerce et la propriété. L’enrepistrement de ces deux édits fut refusé par le parlement.

Un conciliabule avait été tenu au Palais-Royal, et présidé par le duc d'Orléans; on était allé aux voix sur plusieurs délibérations outrageantes, et on avait prémédité une ovation pour les membres dissidens. Dans cette séance à huis clos, les conseillers Fréteau, Sabbatier, Lecogneu, Robert de Saint-Vincent et Duport, se firent fort de diriger les hostilités contre la cour ; ils furent applaudis. La conspiration devait éclater au mois d'août, à la solennité du vœu de Louis XIIL; des couronnes de laurier devaient être offertes aux membres du parlement; à l'issue de la procession, les faubourgs insurgés devaient ramener en triomphe au Palais les magistrats ; des voix les auraient proclamés « pères du peuple, » et auraient exigé l'élévation du premier prince du sang à un poste