Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE, 113

Le roi connaissait tout : les obstacles avaient été mesurés dans ses méditations. Son intention était de les briser; il avait résolu de substituer de grands bailliages aux parlemens, dans le cas où il trouverait toujours une résistance systématique à contrôler ses actes et à refuser l'enregistrement de ses édits. Les besoins du peuple, la pénurie de l'État, la dignité du sceptre lui commandaient cette mesure. Ce n’était que par la fermeté qu'il pouvait régner, l'énergie seule pouvait sauver la France,

La séance royale s’ouvrit; les esprits étaient.en arrêt. Le roi présenta ses édits : l'un concernait un emprunt de quatre cent vingt millions, il devait faire face aux dettes du royaume ; ce fut le drapeau de l'opposition parlementaire. Le garde des sceaux, Lamoignon, fit valoir ainsi les prérogatives du trône qui étaient méconnues : « Si le « roi était obligé de conformer sa volonté à celle « de la majorité parlementaire, alors ce serait celle-ci qui dicterait la loi et non le monarque , ce qui ne saurait s’allier avec la constitution de notre gouvernement, qui est une monarchie et non une aristocratie. » Cette opposition se fit avec toute la courtoisie de la soumission ; mais elle n'en était pas moins flagrante : plus elle était modérée contre la teneur des édits, plus elle était déchirante pour le cœur du monarque. L’assemblée pas à pas devint tumultueuse; l'hostilité

ouverte commencait à pointer. Les passions qui LA REVOL, 10

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