Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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dans les délibérations parlementaires, les vieilles coutumes semblaient être violées; le feu était dans toutes les mesures de la royauté; la toge était déjà prise pour le bonnet phrygien. Dans l’action des pouvoirs, la modération n'avait plus créance; le calme était banni de toutes les séances, la crise grandissait; le vaisseau public se trouvait démâté, et on jouait avec le gouvernail. Le parlement eut des alternatives de soumission et d’insurrection ; il abdiqua le droit de censure. Les édits royaux devaient être affranchis du veto parlementaire; puis le parlement regretta son abdication, et voulut retirer ses concessions. La magistrature, n’osant attaquer de front le roi, chercha à ruiner l'autorité des ministres; elle demanda impérieusement et obtint le droit de faire entrer des troupes dans les villes de province où siégeait un parlement; la publicité était larme de guerre, elle était l'auxiliaire des deux camps. Le combat à mort des arrêts et des édits fut livré; dans ce combat d'insoumission parlementaire, d'Épréinesnil et Goislard de Montsabert furent décrétés en état d’arrestation. Ils se retranchèrent sous la tente de la justice; ils se rendirent au palais; ils voulurent connaître si, au sein de l'assemblée, on oserait porter la main sur eux. La rumeur est au comble; le parlement de Paris se déclare sous la sauvegarde des lois. L'agitation dépassa tout ce qu'avait produit les guerres de la Fronde. Faiblir, disaient les ministres, « c’est tuer le roi. a