Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 139

Louis de Versailles, pour assister à la messe du Saint-Esprit, avant l'ouverture des séances. Ce cortége fut le programme de la révolution qui allait prendre pied en France. Le peuple faisait baie; il outrageait par ses clameurs les hautes classes et applaudissait aux députés des commu nes ou du tiers-état. À la vue des broderies et des dentelles des ordres privilégiés, mille voix s'écrièrent : « C'est la sueur du peuple qui les £ pare. »

Le tiers-état était précédé d’un vieux paysan breton, qui était le digne représentant de ses landes; il n'avait voulu quitter ni sa bure, ni le bâton noueux de ses pères. Le respect fut empreint sur tous les visages, à l'aspect de ses cheveux blancs. Son habit rappelait la braie que les Gaulois portaient lors de leur entrée au Capitole, C'était aussi un capitole que l'arène où il allait siéger.

L'évêque de Nancy, M. de Lafare, célébra l'oflice. Il fit un discours plus politique que religieux; il blâma l'impôt de la gabelle ; c'était flatter l'effervescence populaire, et malgré la sainteté du lieu, d'immenses acclamations couvrirent la voix des officians.

On touchait à la séance royale; des réunions préparatoires de députés avaient déjà dessiné un avenir de troubles, Le duc d'Orléans et Mirabeau avaient abdiqué, l’un son écnsson de prince, l'autre son blason héréditaire; ils avaient pris