Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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s'était placé de niveau avec ordre nobiliaire, sur les bancs de la représentation nationale.

Les oisifs venaient au rendez-vous de la mode; l'exercice du patin et le luxe des traîneaux avaient été importés en France, et le tableau animé des canaux de la Hollande était inauguré à Versailles,

Il y avait lutte de luxe, dans la recherche des chars légers qui glissaient sur le miroir du pare royal. Là, on voyait l'élite des cercles de Trianon : messieurs de Vaudreuil, de Coïgny, de Guiche, le prince d'Esterhazy et les deux Dillon.

Tout-à-coup les rangs des promeneurs s’élargissent; les hommes sont instantanément tête nue; la reine s’avance : elle vient jeter ses derniers sourires au plaisir, mais son teint pâli laisse deviner que déjà ses nuits sont sans sommeil. A la suite de Marie-Antoinette on remarquait la princesse de Lamballe et la comtesse de Polignac.

La présence de la reine sembla Le ressort d'un brillant jouet : le tableau s’anima; les traîneaux poussés par des écuyers et des jockeys se croisèrent en tous sens; les officiers des gardes et les jeunes seigneurs firent assaut d'adresse et exécutèrent sur la glace de gracieuses évolutions, autour des conques portant les dames de la cour. Mais bientôt tous les regards se fixèrent sur un char en forme de cygne, dont les grelots d'or étaient relevés par des rubis; un heiduque à riches aiguillettes le dirigeait. Le cavalier qui occupait le traîneau. portait dans sa toilette le type de la