Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 161

« et certes mon palais est un asile qu'on ne vio« lera jamais. » Pinet le crut; ses observations germèrent, et le malheureux réclama du prince qu'il voulût bien se charger de ses papiers et de son avoir. Le dépôt de son portefeuille fat fait; le duc d'Orléans lui en donna un recu.

Des scènes de pillage, des assassinats se multiplièrent : Pinet se félicitait de sa confiance. Mais peu de jours après, tous ses amis payèrent leur tribut à l'émeute. Ses soupçons s'accrurent en présence des victimes qui avaient été dans les entretiens de Marly. Il craignit de laisser une trace aux investigations; il se rendit au Palais-Royal et redemanda son portefeuille, sous le prétexte qu'il avait des engagemens urgens à remplir. Le duc d'Orléans n'eut pas le temps de compter avec lui; il lui donna un rendez-vous : Pinet y fut fidèle; le duc d'Orléans n'y vint pas, ‘et sa fortune fut ballottée dans ces mains qui avaient été avides de prendre et qui restaient peu empressées de restituer.

Pinet avait bien quelques payemens à faire, mais fort peu importans. Il avait refusé l’emprunt de 50,000 francs d'un homme riche de Saint-Germain, à qui il avait confié son embarras d'assaillir constamment le duc d'Orléans pour avoir son argent.

Pressé par ses lettres, le duc d'Orléans lui assigna un rendez-vous à Passy, en lui recomman-

dant d'apporter son récépissé, afin de lui remettre 14