Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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rent démasquées. Devant le danger d'Orléans appela le tocsin de l'émeute, et tous ceux qui ne tombèrent pas furent signalés du doigt d'un maitre qui abat dans l'ombre.

Pinet ctait resté debout; on lui fit une atmosphère de terreur; il était fable, il était envieux. Le trépas le fit trembler; la richesse le fit sourire; la peur et l'ambition lui firent faire fausse route.

Le duc d'Orléans avait l'opinion que ses antagonistes avaient joué à la hausse sur les grains, et avaient comme lui trafiqué sur les misères publiques , non dans un but politique, mais par vénalité. Il pensait que Pinet était dans leur confidence comme dans Ja sienne; il fallut perdre Pinet et s'emparer de son portefeuille. Là, on comptait trouver bien des armes d'infamie; on aurait caché les unes et montré les autres; le piége fut dressé, on y poussa le financier, dont la vie recélait tous les tripotages de la fortune publique.

Pinet avait entendu dans la rue Saint-Marc, où il demeurait, des cris de mort; des pierres étaient venues s’abattre sur les croisées de Boscary, un de ses voisins; elles s'adressaient à lui. La veille, on avait promené des têtes : l'effroi s'empara de Pinet. Les événemens parlaient; il accourut au Palais-Royal et ouvrit ses craintes au duc d'Orléans. Celui-ci lança à Pinet ces mots:e Vous « voyez comment je suis avec le peuple, il m'aime,