Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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Ce prince était doué de tous les charmes de la figure , de l'esprit et du cœur. À cinq ans, son esprit faisait saillie, ses mots heureux étaient répétés avec enthousiasme ; on y lisait les germes d'une âme forte, Le dauphin, affable et tendre, mettait de la coquetterie dans sa gratitude et dans ses affections d'enfance; son imagination était ingénieuse à seconder son cœur. Il était très attaché à l'abbé Davaux, son précepteur; il le récompensait de ses soins par ses progrès et par la grâce de son respect d'élève. Un soir, l'enfant, pensif et silencieux, regardait son mentor, et pressait de sa main son front. Interpellé par sa gouvernante, madame de Tourzel, il répondit avec vivacité : « C'est que je voudrais pouvoir « placer dans ma tête mon bon ami Davaux; alors « je saurais tout ce qu'il sait!»

Mais, ainsi que tous les enfans, le royal écolier se mutinait quelquefois. Un jour, ennuyé d'une démonstration, il sifflait pendant que son professeur usait sa rhétorique : il reçut une réprimande de la reine. À ses reproches l'enfant répondit : « Maman, ne vous fâchez pas; c’est que je répé« tais si mal ma leçon, que je me sifflais moi« même. »

Le caractère du dauphin se formait comme son esprit; il était résolu et persévérant : c'est le courage de l’enfance.

Le roi, désireux de connaître les progrès de son fils, le conduisit un matin à une assez grande