Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

386 HISTOIRE

« Après la revue, au moment de rompre les « rangs, On nous fit une distribution d’un paquet « de cartouches par homme. Nous ouvrions de « grands yeux, pensant que nous allions faire « l'exercice à feu, et songeant que nous serions « peut-être aussi embarrassés que nos pères qui « servaient sous Lafayette... Un de nous, impa« tient de savoir à quoi s'en tenir, rompit l’enve« loppe du soi-disant paquet de cartouches : il « contenait dix jolis bâtons de sucre d'orge. »

Des sourires au milieu des armes, c'était le cachet du temps; l'enfance même devait s’accoutumer au bruit.

Bientôt l'émeute vomit ses flammes, il n'y eut plus de privilége dans la douleur : tout ce qui portait blason royal souffrit en commun.

Lesévénemensinterrompaient parfoisles études du dauphin; en les reprenant, son intituteur lui demanda en présence de la reine par quelle leçon il voulait commencer : — « Par la grammaire, » reprit le royal élève. — « Volontiers, » dit l'abbé Davaux, « votre dernière lecon avait, s'il m'en « souvient, eu pour objet les trois degrés de com« paraison, le positif, le comparatif et le super« latif; je présume que vous aurez tout oublié. » # — « Vous vous trompez, et pour preuve, « écoutez-moi. Le positif, c'est quand je dis: mon « abbé est un bon abbé; le comparatif, quand je « dis: mon abbé est meilleur qu'un autre abbé; le « superlatif, » continue le dauphin en regardant