Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

392 HISTOIRE

che; il jetait à la face du monarque le tutoiement dénmgogique, et cependant il voulait imposer à l'enfant royal le respect avec la crainte.

« Sais-tu bien, » lui dit-il un jour, « que la liberté « nous a rendus libres et que nous sommes tous « égal: ? _ Égal, tant que vous voudrez, répliqua « le dauphin en tournant les yeux vers le roi, « mais ce n’est pas ici que Vous nous persuaderez “ que la hberté nous a rendus libres! »

Le jeune prince avait le tact du malheur : depuis l’emprisonnement au Temple, il ne parlait jamais de Versailles ni des Tuileries; rien dans sa conversation, ni même dans ses saillies, ne rappelait à sa famille le souvenir ou les reprets.

Le jour où Louis XVI fut conduit à la barre de la Convention, rendit le dauphin à sa mère. On n'avait pas encore décidé la torture de l'enfance; mais on se servait d'elle pour broyer du fiel dans les derniers jours de Louis XVI. Le dauphin lui fat enlevé avec violence, et lorsqu'il fut ramené au Temple, on lui refusa la consolation d’embrasser ses enfans. Un décret de la Convention déclara « que Louis serait séquestré de sa « famille, que ses enfans seuls seraient amenés « près de lui, s’il les demandait; mais qu'alors « ils ne reverraient plus leur mère ni leur tante.»

L’abnégation du roi le fit renoncer au seul dédommagement de ses jours d’agonie. Le dauphin ne revit son père que la veille du supplice.

Le lendemain, lorsque le roulement funèbre