Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE, 529

Fier de ce premier succès, Édouard approcha de la tour de Londres , et la force du nombre le fit seule échouer. Son: noble dessein était d’arborer sur le palais de ses pères ce drapeau improvisé par la vaillance. H succomba et fut proscril.

On aurait dit que l'Angleterre avait assez du tombeau d'un Stuart pour faire rougir l'usurpation; elle refoula sur les empires du continent les ossemens de ses royales victimes. La France recueiilit le cercueil de Jacques I, et les restes de la maison détruite des Stuarts reposent parmi les ruines de l'empire romain.

La Grande-Bretagne. tint avec fidélité un serment sacrilége : elle repoussa les princes légitimes, et déshérita jusqu’à leur cendre de la terre de la patrie.

Dans ces fastes, aucun fait identique n'offre point de rapprochement avec les catastrophes de France.

Cessons de chercher des règles d'application dans les révolutions qui nous ont précédés; car chaque état comme chaque individu doit être traité selon ses besoins, ayant en lui-même ses vices de constitution ct ses élémens de salut.

L'état de la Grande-Bretagne et celni de la France, après la mort de Cromwell et même après l'avènement de Louis XVIE, n'offrent aucun point de ressembiance.

La révolution d'Angleterre n'eut qu'une courte durée; onze années seulement s'étaient écoulées entre l’usurpation de Gromwel! et le rétablissement de Charles IT : Ja génération n’avait pas eu le temps de se renouveler; les bases du gouvernement étaient restées les mêmes ; la religion avait été respectée; {a hiérarchie s'était maintenue dans toutes les corporations ; les membres du clergé et de la noblesse éprouvèrent individuellement quelques pertes, mais ces deux grands corps furent conservés dans leurs droits, leurs biens et leurs priviléges, Nul ne fut affranchi de ces liens qui attachent la nation à l'édifice du gouvernement , et font participer chacun à sa force en le rendant solidaire de sa durée.

Aucune atteinte ne fut portée à la constitution ; la charte de Jean-Sans-Terre resta sous le Protecteur Ia même que