Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 533 neté de Chevrières depuis 4795 jusqu'au retour des Bourbons. Pendant l’'interrègne de 4815, le roi «de Chevrières reprit son titre; mais au moment où Louis XVIII ressaisit le sceptre , il abdiqua de nouveau , et redevint avec joie Pun des plus fidèles sujets du roi de France.

Rien de plus attendrissant que arrivée d’un fugitif dans ce lieu privilégié, pendant la terreur. L’affiliation du nouvel hôte se faisait sous la sauvegarde de la religion ; l'office du jour était célébré en action de grâces par un ministre de Dieu , aussi proscrit, et celte cérémonie religieuse s’accomplissait dans une grotte souterraine qui servait de chapelle.

Le réfugié était inserit sur le registre d'honneur , qui formait à lui seul les archives mystérieuses de la royauté de Chevrières. Il passait ensuite à l’école du patois, qui se tenait dans une cavité : un des habitans dirigeait cet enseignement. Le nouvel initié observait, pour la sûreté conimune, la plus rigoureuse réelusion, jusqu'à ce qu'il fût familiarisé avec le langage des naturels du village.

Son instruction achevée, ct lorsque son accent étranger ne pouvait plus compromettre le salut de ses frères, on le révêtait d'un habit de bure, et il était alors admis au nombre des sujets du roi de Chevrières, qui répondait de lui, et Jui cenférait tous les droits d’un enfant du hamean.

Cette vie pastorale eut tant de charmes pour quelques uns des proserits, qu’ils se fixèrent à Chevrières ; ils oublièren£ le langage du monde pour l’idiome rustique qui avait contribué à les sauver. Ceux qui sont rentrés dans la société ont parfois regretté , au milieu de son froid égoisme, le bienfaisant abri du hameau protecteur, el ses verlus patriarcales.

La situation de ce village favorisait l'humanité de ses habitans : son isolement des grandes routes , les bois qui Fenvironnent et le cachent , les rocs à pic qui le dominent et semblent en défendre l’approche, tout concourait à seconder le refuge des exilés.

Des passages secrels conduisant à de vastes souterrains , établissaient d’une maison À l’autre des communications ;