Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. ‘ 15

dans son ambassade à Vienne, pour capter la confiance intime du prince. Elle se servit ensuite - de la main d’un nommé Villette, ami intime de son mari, et qui avait le talent de contrefaire les écritures; puis elle traca dans le mystère son plan dans l'affaire du collier, et marcha à son exécution.

Le cardinal de Rohan fut mis en relief; il servit de plastron, et couvrit lenlèvement prémédité des diamans de Bœhmer. Il fut joué, mystifié, dupé ; il fut bafoué, emprisonné, et tout cela dans un complot où la main d’une femme fit mouvoir tous les fils.

Le prince de Rohan était en disprâce près de la reine; sa présomption et son orgueil décu avaient inspiré à Marie-Antoinette des préventions contre lui. Le cardinal aspirait ardemment à rentrer en faveur : madame de Lamotte plaça sur ce désir l'enjeu de la fraude. Elle avait du tact, de la vivacité, un esprit souple ; elle s’insinua pas à pas dans les bonnes grâces du cardinal. Il crut à sa sincérité, par la gratitude qu’elle professait : ce sentiment lui donna de l'empire. Elle annonça que Märie-Antoinette la comblait de bontés, qu’elle avait toute sa confiance, etbientôt elle dit au prince : « Je suis autorisée par la reine à vous « demander par écrit la justification des torts « qu'on vous imputé. » Aussitôt le cardinal s'empressà de combattre les impressions fâcheuses qui avaientpu s'élevercontre lui, Madame de Lamotte