Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

86 HISTOIRE

« Je sors de chez la reine, » dit madame de Lamotte ; « elle est très contrariée, elle ne pourra « pas prolonger l'entretien comme elle le désirait, « Madame et la comtesse d'Artois lui ayant de« mandé ce soir d’être de sa promenade, Rendez«“ vous vite au bosquet; elle s’'échappera, et mal« gré ce court intervalle, elle vous donnera un « page de sa bienveillance. »

Le cardinal vola vers le lieu indiqué; un ciel nuageux ne laissait pénétrer dans le feuillage qu'une lueur douteuse. Bientôt le frôlement d'un vêtement de femme se fait entendre; l'actrice de la tromperie nocturne entre en scène. D'Oliva, vêtue d’un négligé semblable à ceux de la reine , s'avance : son port était bien étudié ; son profil se dessinait dans un pâle rayon. Le prince de Rohan troublé, croit être en présence de Marie-Antoinette; il s'approche, baise respectueusement la main de la fausse reine, et d’une voix émue il commence une apologie; il entend ces mots prononcés à voix basse : « Je n'ai qu'un moment à « vous donner; je suis contente de vous; je vais « bientôt vous élever à la plus haute faveur. »

Un bruit de pas combiné se fit entendre; la reine simulée remit précipitamment au cardinal une petite boîte et une rose, et dit tout bas : « Voilà Madame et la comtesse d'Artois, il faut « s'éloigner. »

Le prince de Rohan alla rejoindre madame de Lamotte et le baron de Planta, en gémissant du