Histoire de la Russie, réduite aux seuls faits importans : avec la Carte générale de la Russie, gravée par Tardieu l'ainé

(319 ) qu'elle avoit coûté , et condamne le maréchai à payer pareïllessomme au sacristain.

Le sang ne ruisseloit point dans les places publiques , comme du temps de Pierre Ier ; mais l'affreuse. chancellerie secrète subsistoit toujours. Des listes de proscription y sont portées chaque soir; et chaque famille craint à toute heure de voir arriver un ordre d'enlèvement de quelques - uns de ses membres, On n'ose s'arrêter dans les carrefours , pour se parler avec l'intimité de la confiance. Les effusions de l'amitié peuvent être traduites comme des secrets de conspirateurs; el la plus légère observation sur le gouvernement , la plus innocente plaisanterie sur les amours d'Elisabeth , comme des crimes d'état. A la plus petite indisposition de l'impératrice , on appréhendoit d'en demander des nouvelles. Cette curiosité étoit regardée comme le vœu public de se voir bientôt délivré d'une femme soupconneuse et vindicative. Les ‘tyrans croient toujours qu'on s'occupe d'eux et de leur châtiment : on le devroit du moins ,et.joindre aussitôt l'action juridique à la parole accusatrice.

Une garde nombreuse et farouche veilloit nuit et jour dans les avenues. du palais où