Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 9 fourni le contingent le plus nombreux. On ne lit pas sans surprise, dans l’histoire des sectes de l'abbé Grégoire, qu’à Coligny, par exemple, dans le département de l’Ain, les Théophilanthropes appartenaient tous à l’aristocratie du pays; qu’à Soissons tous les membres du Comité théophilanthropique étaient également membres de la municipalité. Ces faits prouvent, si je ne me trompe, que toutes les classes sociales avaient fourni des adhérents à la théophilanthropie. Au reste, c’est peut-être ici le lieu de nommer les hommes illustres ou marquants qui ont adhéré publiquement aux principes de la société.

Nous en avons déjà cité plusieurs : Hauy, le bienfaiteur illustre de toute. une classe de malheureux, l'abbé de l’'Épée des aveugles ; Chemin, professeur de latin à Paris, auteur du Hanuel, de l’année théophilanthropique, du mémoire intitulé : Qu'est-ce que la Théophilanthropie? Homme d’une vie pure, fidèle à ses principes, et qui y persévéra même après que la société fat dissoute ; outre ces hommes, qui en étaient les fondateurs, la société comptait dans ses rangs Lenthenas, Rallier, Hervier, Jullien de Nîmes, ancien pasteur protestant de Toulouse, ancien conven-

‘ tionnel, proscrit par Robespierre; Malfusson, ancien pasteur à Sancerre; Dubroca, ancien prêtre barnabite, et, parait-il, prédicateur de talent; Léger, ex-prêtre aussi, devenu professeur à l'Ecole des arts-et-métiers de Châlons-sur-Marne; Duvivier, ingénieur civil, nommé professeur à l'École Polytechnique, lors de sa fondation ; Siauve, ancien prêtre qui s'était occupé d'éducation ef avait présenté en 1790, à l’Assemblée nationale un mémoire dans lequel il signalait les dangers de l'éducation des colléges ; plus tard, après avoir renoncé à la carrière ecclésiastique, il fut employé en qualité de sous-chef dans les bureaux du ministère de la guerre et, en germinal an VI, envoyé au Conseil des Cinq, Cents. Siauve, qui a laissé un grand nombre de traités d’arts d'histoire, d'agriculture, fut un des théophilanthropes les pludévoués et les plus actifs : il avait rédigé l’Echo des Cercles pairiotiques et des réunions des théophilanthropes; son activité, sa fortune étaient toujours au service de la Société; il mourut dans la déroute de 1812.