Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

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HISTOIRE

C’est bien là, clairement exprimé, le principe si cher aux écoles déistes, de l'incompréhensibilité de Dieu. Que ce principe, contenu dans de justes limites, renferme une grande part de vérité. que la philosophie, la théologie surtout aient prétendu témérairement sonder l'essence divine, qu’elles aient ainsi échafaudé péniblement des systèmes bâtis en l’air, gardons-nous d'en douter! Toutefois si l’on ne peut rien savoir de Dieu sinon qu'il est, sil est semblable à une idée idole cachée sous un voile qu'aucune main humaine ne saurait soulever, c’est absolument pour la vie religieuse comme s’il n'était pas. Qu'un être pur comme le Christ, vienne du haut de sa pureté nous apprendre ce qu’est Dieu, non pas sans doute tout ce qu’il est, non pas ce qu’il est en lui-même, dans son essence, mais ce qu’il est pour nous; qu'il nous montre en lui notre créateur, notre protecteur, notre père... alors nous pouvons l'aimer, nous pouvons vivre en lui et pour lui; sur la base de cette révélation émanée d’une conscience supérieure, la vicreligiense fleurit; mais comments’épanonirait-elle, si l’homme est placé en présence d’un Dieu muet et mort, d’un être de raison, d'une X irréduetible, d'une idole transcendentale, pour rappeler le mot de Schenkel !.…

On voit maintenant, si je ne ne me trompe, que la doctrine Théophilanthropique n’est autre chose que le Déisme sentimental de Rousseau ; aussi tout ce que nous avons dit de l'impuissance religieuse du Déisme s'applique entièrement à la Théophilanthropie; celle-ci confirme, à notre sens, le jugement que nous avons porté sur le système Déiste. Rien n’est terne, froid, sans chaleur et sans vie, comme la prédication et le culte Théophilanthropiques. On est à chaque instant tenté, en lisant ces discours dont la brièveté ne rachète pas la monotonie, de se rappeler la parole du Christ(1) : « Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? » C’est bien le christianisme que contiennent ces discours, mais le christianisme sans sel et sans saveur ; c’est le résidu sec et terne de l'Évangile; on dirait, à lire ces pages décolorées, la dernière lueur d’une religion que s'éteint, non la première flamme d’ure religion qui commence. .

(13 Évangile selon Mare, eh. 1x, v, 15.