Histoire des deux conspirations du général Malet

92 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

ils eussent de si bon cœur sacrifié leurs vies. Ils étaient prisonniers d’État.

Car, après Assemblée constituante, après la Convention, après Mirabeau, Danton et Robespierre, il y avait de nouveau des prisonniers d’État; pour une Bastille détruite, vingt bastilles s'étaient rouvertes, dans le gouffre béant desquelles s’engloutissaient pêle-mêle les victimes du despotisme césarien. Et, par une coïncidence au moins singulière, c’était l’un des vainqueurs de la Bastille, le général Hullin, qui commandait la place de Paris.

Aïnsi finit la première conspiration Malet, ou plutôt, pour l’appeler de son vrai nom, la conspiration Demaillot. Lecteur, n'oublie pas ce nom désormais. C’est un devoir doux à remplir pour Phistorien que de révéler, de mettre en lumière les grandes choses et les grands citoyens. Pour moi, je ne sais rien de plus glorieux que ce patriote inconnu jusqu'ici, qui forma le projet de relever la France de Pétat d’abrutissement et de servitude où elle était tombée, de la remettre en possession d’elle-même, de lui rendre la liberté, et qui, s’il eût réussi dans sa généreuse entreprise, eût épargné à l’humanité le sang de deux millions d'hommes, et à notre pays la douleur des deux invasions de 1814 et de 1815.