Histoire des deux conspirations du général Malet

100 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

Pasquier remplaça Dubois à la préfecture de police. Le nouveau préfet voyait-il en cet homme impotent et enchaîné un danger sérieux ? Lui apparaissait-il comme le fantôme menaçant de la République, ou voulait-il tout simplement faire montre de zèle? Toujours est-il qu’il le dénonça en haut lieu comme employant les loisirs de sa prison à écrire des libelles injurieux pour le gouvernement.

Un jour arriva au duc de Rovigo, ministre de la police, l’ordre de faire conduire le vieux républicain par la gendarmerie, de brigade en brigade, au château de Ham. C'était de la cruauté, et de la cruauté inutile. Le pauvre Demaillot était impotent, comme je l’ai dit, accablé d’infirmités. Il n’y avait plus de vivant en lui que la tête et le cœur.

En apprenant qu'il était destiné à être enseveli dans un château-fort. et qu’il devait y être conduit de brigade en brigade, il s’adressa au duc de Rovigo, invoqua son état de santé, sollicita un répit de quelques jours au moins pour se guérir d’un mal d'yeux qui ne lui permettait pas d'écrire lui-même. Prière inutile. On tenait absolument, paraît-il, à le jeter au fond de quelque casemate. Ainsi le voulait le salut de l'empire.

Mais quand il s’agit d'exécuter cetordre barbare, il fallut bien y renoncer. On s’aperçut que le