Histoire des deux conspirations du général Malet

120 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

au duc de Rovigo, qui venait d’être appelé au ministère de la police générale, de le mettre en liberté. Le nouveau ministre n’osa prendre sur lui la responsabilité d’une pareille mesure, n’étant que le servile exécuteur des ordres du maitre. Il en référa au Pempereur.

Napoléon s’occupait des moindres détails de l’administration. Rendre à la liberté un malheureux abbé, coupable d’avoir colporté les bulles du pape, lui parut une chose extrêmement dangereuse. Quoi qu’on en ait dit, la clémence n’était pas dans la nature de son caractère ombrageux, égoïste et cruel. Non-seulement il refusa de rendre la liberté à l’abbé, mais encore il ordonna qu’on arrêtât de nouveau le comte Alexis de Noailles, lequel, après avoir été incarcéré une première fois, avait recouvré la liberté comme par miracle, car la police impériale était comme l’avare Achéron, elle ne lâchaït pas aisément sa proie. Heureusement pour lui, le comte avait pris ses précautions, et il était allé chercher un refuge sur une terre républicaine, en Suisse, dans le canton de Vaud, chez son père, le duc d’Ayen, qui vivait retiré au fond d’un vieux château.

Le comte Dubois, préfet de police, s’intéressait vivement, paraît-il, à cet abbé Lafon. Ne pouvant lui ouvrir les portes de la prison, il résolut du moins